Analphabétisme

Qu’est-ce qu’une personne analphabète? Qu’est-ce que l’analphabétisme?

L’UNESCO considère « comme analphabète toute personne qui ne réussit pas à décoder un texte simple portant sur un aspect de la vie quotidienne ».

L’analphabétisme n’est pas un problème strictement individuel, mais bel et bien un phénomène de société. La pauvreté y est souvent associée. Comme le dit le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ), l’analphabétisme «  trouve sa source dans les inégalités sociales, il se perpétue dans le système d’éducation et il provoque l’exclusion d’une grande partie de la population ». Mais, est-ce la pauvreté qui entraîne l’analphabétisme ou est-ce l’analphabétisme qui exacerbe la pauvreté? En fait, ces deux réalités sont indissociables. Les difficultés d’apprentissage, les problèmes familiaux, diverses formes d’inadaptation, un manque de ressources en milieu scolaire défavorisé peuvent tous entraîner l’analphabétisme et la pauvreté. Les causes et les conséquences s’imbriquent et s’enchaînent dans un véritable cercle vicieux.

Selon les données de la dernière enquête du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA, 2013), au Québec, 19 % de la population québécoise âgée de 16 à 65 ans, soit plus d’un million d’adultes, affichent actuellement de très faibles compétences en littératie (RGPAQ, 8 octobre 2013).

Le portrait de l’analphabétisme a bien changé. Les analphabètes ne sont plus les personnes âgées issues de la campagne. Les analphabètes et les personnes faiblement scolarisées sont de tous âges et tous milieux. En fait, de plus en plus jeunes n’ont pas les compétences nécessaires en lecture et en écriture pour fonctionner en société, et ce, même après avoir été scolarisés (voir Les maux illisibles de Simon Trépanier).

Ce nouveau profil fait réfléchir pour l’avenir. Dans le quartier, « 41 % de la population de 15 à 24 ans résidant sur le territoire du CLSC des Faubourgs ne fréquente pas l’école. » (CDC Centre-Sud, 2004)

La maîtrise de l’écriture et de la lecture est nécessaire partout de nos jours. L’utilisation du système écrit est tellement systématique pour nous, lettrés, que nous n’en percevons plus l’inclusion dans notre vie quotidienne. L’utilisation de plus en plus fréquente des technologies de l’information et de la communication rend encore plus flagrant le fossé entre ceux qui sont lettrés et ceux qui ne le sont pas.

En des mots simples, être une personne analphabète ou peu alphabétisée, c’est :

  • Ne pas pouvoir lire du tout ou très peu;
  • Ne pas pouvoir écrire ou très peu (nom, adresse);
  • Écrire « au son » ce qui rend la lecture de ses propres écrits très difficile;
  • Ne pas pouvoir accomplir des tâches simples à l’écrit;
  • Décoder des mots, lire des phrases, des paragraphes, un texte, mais ne pas comprendre ce qu’on lit;
  • Lire un peu, mais ne pas pouvoir écrire;
  • Maîtriser relativement bien l’orthographe, mais ne pas arriver à organiser ses idées dans un texte et avoir des problèmes de syntaxe;
  • Lire et écrire un peu, mais pas suffisamment pour fonctionner socialement.

Au-delà de ces mots simples, les conséquences et les contraintes au quotidien sont donc lourdes à subir pour les personnes peu alphabétisées.

Voici quelques exemples des difficultés rencontrées :

Autonomie :

  • Lire et comprendre la posologie de médicaments et les instructions sur un produit alimentaire;
  • Utiliser les transports en commun en dehors des trajets connus;
  • Manquer d’organisation dans sa vie quotidienne, ne pas arriver à s’acquitter efficacement de tâches simples.

Assurer sa subsistance et celle de ces enfants :

  • Comprendre et remplir un formulaire;
  • Utiliser un guichet automatique;
  • Chercher, trouver et garder un emploi;
  • Payer trop cher pour son loyer, ses meubles, son épicerie en raison du peu d’organisation ou de stratégies;
  • Aider ses enfants dans leurs apprentissages scolaires;
  • Communiquer avec l’école de son enfant.

Obtenir des services :

  • Communiquer avec toute instance bureaucratique et institutionnalisée;
  • S’exprimer clairement pour obtenir des services;
  • Comprendre l’information donnée par un-e employé-e du gouvernement ou par un-e professionnel-le de la santé;
  • Remplir correctement un formulaire en ligne.

Citoyenneté :

  • Connaître et défendre ses droits;
  • Voter en toute connaissance de cause aux différents paliers gouvernementaux;
  • Vérifier et comprendre le contenu d’une facture, d’un bail ou d’un contrat;
  • Signer un document.

Beaucoup de personnes analphabètes ou peu scolarisées préfèrent rester dans l’ombre parce qu’elles sont trop souvent victimes de préjugés et de discrimination, parce qu’elles sont marginalisées et parce qu’elles vivent souvent un fort sentiment d’isolement. Elles cherchent souvent à cacher leur incapacité. Elles se sentent coupables et pensent que leur condition est leur faute. Pour elles, la vie quotidienne peut devenir un enfer teinté de honte.

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